Prélude à l’aventure et à l’exploration
”Qu’on s’imagine un plateau de 80 km de long sur 50 km de large, posé sur un soubassement de grès, schistes et granit et dont les bords taillés à l’emporte-pièce se dressent en murailles à pic de 600 à 700 m de hauteur.
L’ensemble pourrait rappeler un causse, mais un causse dont la surface, au lieu d’être mollement ondulée, serait hérissée de pics, d’arêtes, de clochers, clochetons, minarets, flèches, dards et pitons distribués sans ordre et selon la fantaisie la plus déréglée, et séparée par des gouffres, abîmes ou crevasses. […]
Dans les endroits les plus caractéristiques, on voit des aiguilles acérées, pouvant atteindre et dépasser une dizaine de mètres, reliées les unes aux autres par de minces arêtes limitant des trous profonds et s’étageant sur les parois à la manière de tuyaux d’orgues. […]
Ces aiguilles de beau calcaire compact résonnent comme des cloches sous le heurt d’un marteau, d’un soulier, et il en est même qui rendent un son perceptible simplement lorsque la main, se promenant sur la roche, s’accroche aux mille aspérités de sa surface. Ces aspérités, séparées par de petites alvéoles, donnent une rugosité particulière, reproduisant en petit les formes du relief de l’ensemble. Les arêtes peuvent être de l’ordre du dos d’un couteau ordinaire ; les pointes, plus acérées encore, et si, la curiosité vous poussant, on s’engage dans de pareils endroits, on a l’angoisse perpétuelle de se blesser, de s’abîmer ou de s’éborgner, quelle que soit la prudence que l’on apporte à se mouvoir. […]
Les grottes sont sans doute innombrables, petites ou grandes, et il est à présumer que lorsque les spéléologues de la vieille Europe se seront lassés d’en fouiller les recoins souterrains, ils trouveront encore, durant bien des générations, de quoi alimenter leur curiosité en s’attaquant au karst indochinois”.
curiosité en s’attaquant au karst indochinois”.